Stéphane Bordarier, Comme l'eau dans l'eau
Du 19 janvier au 4 mars 2017, la Galerie Jean Fournier présente sa quatorzième exposition personnelle de Stéphane Bordarier avec Comme l’eau dans l’eau.
Peintre de la couleur et de la sensation, Stéphane Bordarier exploite les propriétés des pigments, qu’il applique sur ses toiles selon des règles établies. Toujours sur un même enduit de colle de peau sur lequel les couleurs évoluent et se mélangent au fur et à mesure du temps de prise de la colle, et du geste déployé par la large raclette qu’il utilise pour les mettre en scène et les faire dialoguer entre elles, le peintre fait jouer le Violet de mars et le Sulfate de cuivre, le noir et l’Oxyde de rouge, élargissant toujours plus, depuis ses débuts, la gamme de couleurs qu’il décline.
Sur des surfaces rugueuses et irrégulières s’accidentent les pigments, venant créer ces aspérités qui attirent l’œil et le font circuler sur les vastes étendues colorées. Prolongeant les recherches initiées par les avant-gardes picturales des années 1960-1970, le peintre étend les champs de couleurs qu’avaient commencé à explorer les peintres du Colorfield, s’inspire de la gestualité des Expressionnistes Abstraits pour poursuivre leur geste de libération de la couleur.
Plus avance la démarche, moins l’artiste en demeure le maître. Le dessin formé par la raclette étalant la peinture indique le geste et le corps à corps de l’artiste avec la toile ; mais la colle de peau pourtant le « chasse », explique le peintre, de ce processus qu’il s’évertue à initier.
Comme l’eau dans l’eau, la couleur dans la couleur. Stéphane Bordarier vient irriguer sa toile de flux colorés qui donnent à voir et à admirer leurs interactions, leur lente et fascinante fusion. Le mélange des couleurs, proscrit par Platon qui y voyait une perversion et une dénaturation, redoutant précisément l’affranchissement de ce qui doit demeurer sous le contrôle humain, est donné à expérimenter dans la durée par le peintre. Comme l’eau qui, versée dans l’eau laisse d’abord entendre ses clapotis, échapper quelques gouttes ou voir ses ondes, avant de ne faire plus qu’un ; l’artiste coule la couleur dans la couleur, et donne à voir précisément ce moment d’échappement, d’une fusion sur le point d’avenir, de bascule vers un geste qui ne lui appartiendrait plus.
Infos :
Vernissage jeudi 19 janvier, de 18h à 20h30.
Ouvert du mardi au samedi, 10h-12h30 et 14h-19h.
Crédit visuel : Stéphane Bordarier, 21.XI, 2013, huile et acrylique sur toile, 140 x 140 cm (55.1 x 55.1 in.) Copyright Galerie Jean Fournier
Texte : Horya Makhlouf